La ville de Dschang à l’Ouest-Cameroun a accueilli du 11 au 12 août 2023 un important atelier de renforcement des capacités des personnes handicapées pour qu’elles s’approprient les instruments juridiques de promotion et de protection de leurs Droits, ratifiés par l’Etat. Plus spécifiquement, il s’agissait du renforcement de leur compréhension pratique de la pertinence des textes spécifiques tels que le Traité de Marakech ratifié le 27 avril 2021, la Convention des Nations Unies sur les Droits des personnes handicapées ratifiée le 28 décembre 2021, la loi de 2010 portant sur la protection et la promotion des Droits des personnes handicapées et son texte d’application de juillet 2018. Et le Commissaire TEZANOU a vu juste en ajoutant au programme un module sur le développement local inclusif. Léopold NDIOMO ASSIENE se réjouit d’ailleurs de ce module introduit lorsqu’il reconnait que « nous avons longtemps mené des plaidoyers en direction des pouvoirs publics centraux. Aujourd’hui, alors qu’un pas décisif a été franchi avec la ratification des instruments juridiques, objets de nos batailles, il est temps de se tourner vers les périphéries, théâtre des plus importantes violations des Droits des personnes handicapées dans notre Pays. En effet, ce n’est pas à Yaoundé, à Douala, les deux plus grandes métropoles de notre Pays que les personnes handicapées souffrent le plus. C’est dans les villes secondaires, dans nos villages que leurs Droits sont les plus violés : droit à l’éducation, droit à la santé, droit à une justice libre et équitable, droit à l’information, droit à la participation et à la gestion des affaires publiques, etc. », lance le Directeur exécutif de l’ANAC, présent à Dschang.

C’était la première étape de la série des ateliers régionaux de restitution des travaux du séminaire organisé du 21 au 23 septembre 2022 à l’initiative de cet homme aveugle de naissance via les organisations dont il est le président à savoir l’Association nationale des aveugles du Cameroun et l’Union francophone des aveugles.

Ils sont plus de la centaine, membres de la branche Ouest de la Platform Inclusive Society for persons with disabilities, de la branche départementale de l’Association nationale des aveugles du Cameroun(ANAC) pour la Menoua et des anciens pensionnaires du Centre des jeunes aveugles de Dschang. C’est à leur intention que l’atelier de Dschang a été organisé. Pour élargir la cible de l’action en espérant l’optimisation de ses résultats, les responsables des services de l’action sociale des communes de la Menoua et des services déconcentrés du ministère des Affaires sociales ont été associés à la formation.

Comme le séminaire de Yaoundé, l’atelier de Dschang était placé sous le co-patronage du ministère des affaires sociales et la Commission des Droits de l’homme du Cameroun. Les Chefs de ces deux institutions n’ont d’ailleurs ménagé aucun effort pour la réussite de cette action. Ils ont commis chacun une forte délégation qui a séjourné à Dschang à cette occasion. La délégation du MINAS était conduite par ASSONTIA Valentine FOREKE, Inspecteur général et celle de la CDHC par le Commissaire Dénis NKWEBO.

LA CEREMONIE D’OUVERTURE

La cérémonie d’ouverture de cet atelier a eu lieu à l’esplanade du Centre des jeunes aveugles de Dschang en présence du Préfet du Département de la Menoua et tout son état-major.

Le Représentant du Président de la Commission des Droits de l’homme du Cameroun a invité les différentes parties prenantes de la promotion et la protection des personnes en situation de handicap à ne « jamais perdre de vue que la volonté de certains acteurs de ramer à contre courant des exigences juridiques de non-discrimination, de participation et d’accessibilité ne disparait pas ipso facto par la seule vertu des normes juridiques ». Le Commissaire Denis Nkwebo portait ainsi les préoccupations de la CDHC qui regrette encore au Cameroun les inégalités en matière d’accès à l’information, à l’éducation, aux soins de santé, à un emploi décent, aux édifices publics ou privés

Pour sa part, ASSONTIA Valentine FOREKE a reconnu qu’ « au-delà de la loi de 2010 sur la promotion des personnes handicapées et de son décret d’application de 2018, textes fortement inspirés du contenu de la Convention, de nombreuses dispositions réglementaires antérieures  ou postérieures, contribuent à la facilitation de l’accès des personnes handicapées à leurs droits ». Le représentant du MINAS a cité, « sans être exhaustif, dans les domaines de :

  • l’éducation, par des exemptions du paiement des contributions exigibles et des frais exigibles et des frais d’APEE aux enfants handicapés ou nés de parents handicapés indigents au secondaire et l’octroi des bourses académiques au supérieur ;
  • l’emploi, à travers des dispenses d’âge lors des concours administratifs ou des recrutements dans la fonction publique de l’Etat ;
  • l’accessibilité aux bâtiments publics ou dédiés au public, par la mise en place des commodités spécifiques au bénéfice des personnes à mobilité réduite»

Les invités à la cérémonie d’ouverture de l’atelier de Dschang ont été impressionnés par une action que Paul TEZANOU, Directeur du Centre des jeunes aveugles de Dschang et ses partenaires portent au bénéfice des pensionnaires du CJAD depuis une vingtaine d’années. C’est que près d’une cinquantaine d’anciens pensionnaires du centre créé par Paul Tezanou en 1975 issus de toutes les régions du Cameroun ont reçu des appuis pour des initiatives régénératrices de revenus dont les dossiers avaient préalablement été examinés par un comité commis à ces fins. Les bourses vont de 30 000 FCFA accordée à NGOBO NKONDOCK NOELLA, originaire de la région du Littoral pour renforcer son commerce à 210 000 FCFA accordée à NGUEZET LIN GUDTAVE de la région de l’Ouest pour renforcer son commerce d’ignames blanches et miel naturel. A noté qu’en plus, deux des récipiendaires sont répartis de Dschang avec chacun un ordinateur portable adapté à la déficience visuelle et plusieurs autres avec de cannes blanches.

L’ATELIER

NGUEFACK Elie Borel, Fraidy FOUELEFACK et Ange Romain NANFACK ont résumé le séminaire de Yaoundé à travers la thématique « s’approprier les instruments juridiques pour continuer le plaidoyer ».

« Dénoncer et communiquer sur les violations pour limiter la stigmatisation et les discriminations » est le module à travers lequel Me TCHUDJO Christophe, Avocat au Barreau du Cameroun, a entretenu les participants sur les procédures judiciaires en cas de violation des Droits des personnes handicapées en insistant sur l’urgence de procéder aux dénonciations devant les institutions compétentes. Il l’a fait à la lumière des précisions du décret d’application de la loi n° 2010/002 du 13 avril 2010.

Pour le compte de la CDHC, Mamouda Férikoup, Chef de la Division de la Protection et de la Promotion des Droits de l’homme a sensibilisé les participants sur la Commission des Droits de l’homme du Cameroun et son rôle en tant que mécanisme national indépendant en charge du suivi de la mise en œuvre des instruments juridiques ratifiés par l’Etat du Cameroun. Il a en outre présenté l’institution dirigée par le Pr James MOUANGUE KOBILA en insistant sur les innovations de sa loi organique et sur le rôle à elle assigné par la Convention des Nations Unies relative aux Droits des personnes handicapées (article 33 de la CDPH).

Pour la thématique sur le développement local inclusif, un autre Cadre de la CDHC a fait sa présentation sur le thème : « développement local inclusif : comment faire bouger les lignes auprès des élus locaux ». Carlos Simplice FOKEM, Cadre affecté au bureau du Commissaire représentant des personnes handicapées à la CDHC a entretenu les participants à travers les dispositions pertinentes des instruments juridiques signés et ou ratifiés par l’Etat du Cameroun qui font des précisions sur les missions de l’Etat et des Collectivités territoriales Décentralisées en vue de la promotion d’un développement local inclusif.